Faire parler les machines, mais pourquoi ?

Par Jérémy Perret, . Lien permanent Moi

Avertissement : dans cet article, je parle de moi. Pour un article moins égocentré, repassez plus tard.

Il y a de cela bientôt dix ans, au printemps 2007, une discussion entre amis avait dérivé sur le sujet classique "eh, qu'est-ce que tu veux faire dans dix ans ?" J'avais répondu avec détermination : "je veux être assis à mon bureau, et parler à une boîte."

Depuis que je suis petit, je crée des histoires. Je bavarde et j'écoute. Je discute avec des gens, avec mes peluches, avec moi-même. Les mots sont mes amis : je n'ai de cesse de célébrer la puissance et la subtilité du langage. Cependant, je ne suis ni auteur, ni orateur, même si je m'entraîne. Je veux juste... communiquer.

Formuler mes idées clairement m'a toujours été difficile. Je suis parmi ceux qui ont une idée à la minute, qui avalent des livres d'un trait, dont l'imagination déborde. La partie de mon cerveau qui gère le langage n'a jamais réussi à tenir le rythme. Je ressassais mes idées des heures durant sans les coucher sur papier. Puis j'oubliais, et reconstruisais. Mes carnets sont remplis de projets à moitié ébauchés. Je ne sais plus ce que mon moi passé voulait dire.

Cela m'arrive toujours. C'est frustrant au possible. Je veux faire comprendre mes idées aux gens, mais personne ne peut rentrer dans ma tête, comprendre mes références. Nul ne peut suivre le fil de mes pensées sans avoir à me suivre constamment. Oh, bien sûr, formuler ses idées, ça s'entraîne. Mais à l'époque, la solution "évidente" était tout autre : créer une machine qui, elle, me comprendrait.

En dix ans, j'ai étudié le langage, l'informatique, l'intelligence artificielle. J'ai découvert à quel point il était difficile de représenter un concept. La machine peut-elle comprendre ? Comment décrire le contexte des discussions ? Comment faire pour intégrer des nuances, des intonations, des volontés dans des formules logiques ? Des milliers de questions sont apparues lors de mes recherches, mais la motivation est restée : je veux faire parler les machines, je veux qu'elles nous comprennent.

C'est un objectif relativement intenable, pour l'instant. Même si la Science progresse, nous sommes encore loin de pouvoir converser naturellement avec un programme. Je posterai probablement d'autres articles sur le sujet, il y a tant de problèmes à aborder et d'applications à créer...

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