Improvisations narratives - 1

Mon fils aime bien les histoires. Quelquefois je n'ai pas de livre sous la main. Donc j'improvise des histoires complètement barrées. Une histoire par paragraphe, transcrites de mémoire dans la journée. Une publication toutes les cinq histoires.

Il était une fois, dans une très grande ville, une route qui cheminait entre les gratte-ciels. Sur cette route passaient, jour et nuit, des milliers de voitures, continuellement, et le bruit des moteurs et des klaxons résonnait sans cesse (bruitages divers). Sous cette route par contre, au niveau d'un pont, vivait une famille de souris. Elles avaient vécu toute leur vie dans le bruit. La route était déjà là à leur naissance, et elles n'avaient jamais bougé. Quand, un jour, une des souris tomba du pont, sur un camion. Le camion l'emmena loin, très loin, hors de la ville. Alors, la souris fut ébahie par le silence soudain, à peine brisé par les bruits des insectes et les piaillements des oiseaux. Et lorsque la souris, par une incroyable facilité de scénario, parvint à revenir en ville, dans sa famille, sous le pont, elle se rendit compte du bruit dans lequel elle avait vécu. Alors elle emmena toute sa famille sur un nouveau camion, qui les emmena toutes loin de la ville, parce qu'à la campagne, c'est quand même plus calme. Fin.

Il était une fois un oiseau, qui volait au-dessus d'un grand marécage. Il cherchait une proie, quand soudain retentit un bruit terrible, un croassement qui ressemblait à celui d'une grenouille. L'oiseau piqua vers le marécage, pour trouver quelle était la grenouille qui faisait ce bruit. Elle devait être bien malade, et donc facile à attraper. L'oiseau s'approchait de la surface de l'eau, quand un crocodile sortit d'un coup sa tête et attrapa l'oiseau d'un coup de mâchoire. C'est ainsi que le crocodile, qui avait imité le bruit des grenouilles, put une fois de plus faire son repas grâce à sa nouvelle technique de chasse. Fin.

Il était une fois un ours, qui vivait dans une grande forêt. Il avait une passion : les fourmis. Il adorait passer son temps à les observer. Chaque jour, il allait voir sa fourmilière préférée, et regardait la colonie, leur chemin pour monter aux arbres, explorer les carcasses d'animaux, et ainsi de suite. Les fourmis ne le remarquaient même pas, elles pouvaient à peine s'imaginer l'existence d'une créature aussi grande que l'ours. Celui-ci se disait que les fourmis passaient leur temps à chercher de la nourriture, à dormir et à voyager. Il songeait que, finalement, il ressemblait beaucoup à une fourmi, juste en plus gros. Et puis un jour, quelque chose de terrible arriva : l'ours découvrit que sa fourmilière avait été piétinée par une bête. Les corps des fourmis jonchaient le sol. L'ours entra dans une rage immense. Il jura de retrouver la créature immonde qui avait fait cela, et de lui faire payer son acte. Il inspecta les traces dans la terre. Stupeur, il découvrit que c'étaient les traces d'un autre ours ! Il se mit immédiatement à sa recherche. Il arriva bientôt dans une petite caverne, où un ours au poil un peu plus clair vivait. Celui-ci vit notre ours arriver, l'air agressif, et dit "Attends, qu'ai-je fait ? Je n'ai pas chassé sur ton territoire, que me veux-tu ?" - "Tu as fait quelque chose de bien plus horrible, tu as décimé mes amies !" - "Comment ? Mais... je n'ai pas chassé quoi que ce soit, je te le jure..." - "Tu as écrasé les fourmis, mes amies" - "Tu plaisantes ? Des fourmis ? Pourquoi irais-je me soucier de fourmis ? Je ne suis pas un tamanoir !" Mais notre ours ne se calmait pas. L'autre ne se sentait pas de taille à l'affronter, alors il tenta de négocier. "Ne m'attaque pas, s'il te plaît ! Et si je rachetais ma faute ? Je te promets qu'à partir d'aujourd'hui, je ferai attention aux fourmis, et que je protègerai leurs fourmilières !" Notre ours accepta cette proposition avec un grognement, et s'en retourna chez lui. C'est ainsi que les fourmis, inconscientes du drame qui se déroulait au-dessus d'elles, reçurent la protection des ours, qu'elles divertissaient sans le savoir. Fin.

Il était une fois un petit garçon, qui vivait avec son père dans un village de pêcheurs. Chaque soir, le garçon regardait le soleil se coucher au bord d'un ponton, et son père restait derrière lui pour le surveiller. Le garçon protestait, mais un jour il glissa et tomba dans l'eau glacée. Son père le repêcha immédiatement et lui dit "Tu ne sais pas nager. Si tu ne veux pas que je reste, alors tu n'iras plus au bord du ponton." Quelques jours plus tard, le garçon eut une idée. Il s'attacha au rebord du ponton avec une corde, et son père accepta de le laisser tranquille. Lorsqu'il glissa, il se retrouva balançant au bout de la corde, au-dessus de l'eau. Il appela son père, qui le remonta en riant. Quelques chutes plus tard, le garçon humilié décida d'apprendre à nager. Il s'entraîna beaucoup, et décida d'abandonner la corde. Hélas, il glissa un jour dans l'eau, nagea jusqu'au rebord... mais l'eau était trop froide, et le ponton trop haut pour s'y hisser. Encore une fois, il appela son père, qui vint pour le sauver. Le garçon réfléchit, encore et encore, et reprit la corde pour y faire des nœuds. C'est ainsi que le garçon, même lorsqu'il tombait, put remonter seul sur le ponton, et son père put enfin le laisser admirer le coucher de soleil sans crainte. Fin.

Il était une fois un poulailler. Dans ce poulailler vivait une poule. Chaque matin, elle pondait un œuf. Or, un beau jour, elle se rendit compte de quelque chose de terrible. Son œuf disparaissait. Elle en pondait un, et le soir il n'était plus là. Le lendemain, pareil. Idem le jour suivant. Elle chercha ses œufs partout. Dans la mangeoire. Dans le bac d'eau. Dans la cour. Rien, pas la moindre trace de sa production. La poule eut alors une nouvelle révélation. Elle constata que les œufs des autres poules disparaissaient aussi ! Elle demanda à sa voisine "Eh, cocotte, tu sais ce qui leur arrive, à nos œufs ?" - "Bah non, pourquoi ?" - "Ils disparaissent ! C'est horrible !" - "Bah moi, je ne sais pas pourquoi tu en fais tout un plat". Notre poule était consternée. Aucune de ses consœurs n'avait l'air de se préoccuper de leurs œufs. Elle alla voir les canards pour leur demander conseil. Le canard dit "Moi, je ne veux pas mettre mon bec dans les affaires des poules, mais tu ferais mieux de surveiller ton œuf. Tu saurais au moins où il va." La poule trouva que c'était une idée de génie. Le matin suivant, elle pondit et se cacha. Elle découvrit alors la sinistre vérité : la fermière, celle qui apportait le grain et l'eau aux poules, trahissait leur confiance et volait leurs œufs ! C'est avec amertume que la poule réfléchit à un plan. Elle décida de rester à couver son œuf, d'attaquer la fermière à coups de bec, mais rien n'y faisait, l'humaine était trop puissante. C'est ainsi que la poule abandonna la bataille, et se demanda, pour le restant de ses jours, ce que les humains pouvaient bien faire de tous ces œufs. Fin.

La vie est parfois injuste, mon inspiration a des limites, et les histoires n'ont pas toujours de morale. Si vous en trouvez, mettez-les en commentaire. Merci pour votre attention.

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